Christian Dior Couturier du Rêve
Christian Dior Couturier du Rêve
du 5 juillet 2017 au 7 janvier 2018
3 août 2017
Christian Dior, robe Junon, haute couture automne-hiver 1949, ligne Milieu du siècle. Robe du soir en tulle brodé de paillettes par Rébé. Paris, Dior Héritage.
© Photo Les Arts Décoratifs / Nicholas Alan Cope.
Christian Dior, robe Opéra Bouffe, haute couture automne-hiver 1956, ligne Aimant. Robe du soir en faille de soie d’Abraham. Paris, Dior Héritage.
© Photo Les Arts Décoratifs / Nicholas Alan Cope.
La précédente rétrospective parisienne consacrée à Christian Dior s’est tenue en 1987 au musée des Arts décoratifs. Elle était centrée sur les dix années de création du couturier, de 1947 à 1957. Pour célébrer les soixante dix ans de la Maison, cette nouvelle rétrospective montre comment Christian Dior et les six directeurs artistiques qui lui ont succédé ont conçu et construit le rayonnement d’un nom aujourd’hui synonyme de haute couture en France et dans le monde entier. Avec leur propre sensibilité, Yves Saint Laurent, Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano, Raf Simons, et aujourd’hui Maria Grazia Chiuri, ont ainsi élaboré une grammaire stylistique fidèle à l’élan initial et contribué à définir l’identité de Christian Dior dans sa relation avec l’époque. Accompagnant cette évocation de la haute couture, résonnent aussi les créations de Frédéric Castet pour la haute fourrure, celles de Serge Lutens, de Tyen et de Peter Philips pour la beauté, ainsi que de François Demachy pour les parfums.
Yves Saint Laurent pour Christian Dior, robe Bonne Conduite, haute couture printemps-été 1958, ligne Trapèze. Robe blouse en lainage granité de Rodier. Paris, Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent.
© Photo Les Arts Décoratifs / Nicholas Alan Cope.
Marc Bohan pour Christian Dior, tailleur Gamin, haute couture automne-hiver 1961, collection « Charme 62 ». Tailleur en tweed, veste courte à double boutonnage, jupe trapèze et écharpe assortie. Paris, Dior Héritage.
© Photo Les Arts Décoratifs / Nicholas Alan Cope.
Personnage-clé de la mode du XXe siècle depuis sa collection « New Look » du printemps-été 1947, Christian Dior a profondément modifié l’image de la femme, renvoyant au passé la silhouette masculine des années de guerre. Ses robes expriment une féminité moderne, celle de sa femme-fleur, dessinant un corps aux courbes sinueuses et dont le port fait référence à la culture académique du ballet classique. Les épaules sont douces, la poitrine précisée, la taille marquée et les hanches magnifiées par l’envolée des jupes corolles. Christian Dior a, non sans scandale, relancé l’industrie textile en exigeant, après les années de pénurie de l’Occupation, l’emploi de grands métrages d’étoffe. Il a su renouer avec la tradition de la couture, redonnant une place prépondérante aux brodeurs et aux paruriers. Il a inventé une mode internationale réaffirmant le rôle séculaire de Paris comme capitale de la mode.
L’exposition s’ouvre sur un rappel de la vie de Christian Dior, son enfance à Granville, ses « années folles » de découverte de l’avant-garde de l’art et des spectacles parisiens, son apprentissage du dessin de mode et son entrée dans la haute couture. Avant de se diriger vers la mode, Christian Dior a été directeur de galerie de tableaux en association avec ses amis Jacques Bonjean, puis Pierre Colle, de 1928 à 1934. Cette activité est évoquée à travers des tableaux, sculptures et documents rappelant une programmation éclectique, dans laquelle la génération des artistes déjà célèbres rencontrait les jeunes artistes de la génération de Dior. Parmi ces derniers figuraient Giacometti, Dalí, Calder, Leonor Fini, Max Jacob, Jean Cocteau ou Christian Bérard. Amateur d’antiquités et d’objets d’art, collectionneur d’Art nouveau et décorateur passionné par le XVIIIe siècle, amoureux des jardins, il a puisé dans toutes ces sources tant pour agrémenter ses résidences privées que pour définir l’esthétique de sa maison de couture et de ses créations. On découvre, en effet, que ses robes sont empreintes de références à la peinture, à la sculpture, mais aussi à tout ce qui compose l’art de vivre : papiers peints, étoffes, porcelaines ou chinoiseries.
Gianfranco Ferré pour Christian Dior, robe Palladio, haute couture printemps-été 1992, collection « Au vent léger d’un été ». Longue robe fourreau en georgette de soie plissée et brodée. Paris, Dior Héritage.
© Photo Les Arts Décoratifs / Nicholas Alan Cope.
John Galliano pour Christian Dior, Ensemble Shéhérazade, haute couture printemps-été 1998. Ensemble du soir kimono inspiré des Ballets russes, ligne pyramide, à grand col cheminée en velours de soie, applications, broderies et incrustations de cristaux Swarovski. Robe longue fourreau en double satin. Paris, Dior Héritage.
© Photo Les Arts Décoratifs / Nicholas Alan Cope.
Toutes ces thématiques créatives, sur lesquelles ses successeurs sont revenus comme sur des leitmotivs, sont tour à tour dévoilées : l’art et la photographie, la profusion des couleurs et des textures, l’élégance stricte parisienne, la référence au décor néoclassique, les trésors de l’exotisme, la fascination pour le thème floral.
Ces thèmes sont mis en scène par Nathalie Crinière, dans des ambiances évoquant successivement la galerie de Monsieur Dior, les ateliers Dior, l’Avenue Montaigne, le Trianon, les voyages, ou encore un jardin merveilleux. Tout au long de l’exposition, tableaux, sculptures et objets d’arts décoratifs éclairent les goûts et sources d’inspiration du couturier, selon une sensibilité partagée par les directeurs artistiques qui lui ont succédé. La visite se poursuit dans la nef par un parcours chronologique de 1947 à 2017 montrant l’élan fondateur et l’héritage de l’esprit Dior à travers les décennies. La silhouette du tailleur Bar, caractéristique du « New Look », inaugure cette traversée du temps. Cet ensemble en noir et blanc concentre toute la nouveauté de l’esthétique Dior qui frappe le coup d’envoi des trente glorieuses de la mode. Depuis, ce tailleur a hanté l’imaginaire de la mode et de nombreux couturiers et créateurs. Mais la permanence de l’esprit de Christian Dior tient aussi aux différents directeurs artistiques qui ont pris la relève du couturier après sa disparition en 1957. Une succession de six galeries leur est dédiée pour décrypter comment leur propre création s’inscrit dans la poursuite de cette vision de la haute couture.
Au choix risqué du tout jeune Saint Laurent succède la réaction rationnelle de la nomination de Marc Bohan. Puis c’est l’arrivée flamboyante de Gianfranco Ferré, puis celle à grand fracas du punk de la mode John Galliano, l’affirmation « minimaliste » de Raf Simons et, enfin, le choix d’une femme, Maria Grazia Chiuri, et de sa vision engagée de la féminité.
Raf Simons pour Christian Dior, haute couture automne-hiver 2012. Robe du soir en satin duchesse jaune imprimé chaîne d’après la peinture SP178 de Sterling Ruby. Paris, Dior Héritage.
© Photo Les Arts Décoratifs / Nicholas Alan Cope.
Maria Grazia Chiuri pour Christian Dior, robe Essence d’herbier, haute couture printemps-été 2017. Robe de cocktail frangée, broderie fleurie en raphia et fil incrustée de cristaux Swarovski, d’après une broderie originale de Christian Dior. Paris, Dior Héritage.
© Photo Les Arts Décoratifs / Nicholas Alan Cope.
Les savoir-faire et la technique, sans lesquels la haute couture ne saurait exister, sont mis en scène dans l’Atelier où des ouvrières sont à l’ouvrage, entourées de mannequins de couturière, de croquis et de toiles. Une galerie propose un résumé de l’évolution de la ligne et de l’allure Dior depuis 1947, illustrée de robes et d’extraits de films ou de vidéos de défilés.
Le parcours s’achève dans le cadre somptueux de la nef, décorée telle une salle de bal pour une présentation des robes du soir les plus fastueuses, parmi lesquelles brillent de nombreuses créations réunies pour la première fois à Paris. Certaines ont été portées par des clientes célèbres qui ont contribué au rayonnement de la maison Christian Dior, de la princesse Grace de Monaco à Lady Diana, de Charlize Theron à Jennifer Lawrence. Révélation inédite, résultat de recherches menées pour ce projet, parmi ces toilettes de grand bal figure une robe baptisée
Soirée brillante qui a défilé du temps de Christian Dior au musée des Arts décoratifs en novembre 1955.
À l’occasion d’une exposition présentant les grands ébénistes français du XVIII
e siècle, Christian Dior comptait au nombre des prêteurs, et l’inauguration prit la tournure d’un événement culturel, mondain et élégant grâce à la présence de ses propres créations.
Ce jour-là, des mannequins de la maison Dior déambulaient en robe du soir, prenant la pose parmi les meubles et objets d’art. Une façon d’affirmer, en ce mercredi 30 novembre 1955, la place naturelle qu’occupent les ornements de la féminité au cœur des arts appliqués et le rôle prépondérant joué par Christian Dior dans l’histoire des arts décoratifs.
Pour cet ambitieux projet, la plupart des œuvres présentées sont issues du fonds Dior Héritage, le plus souvent jamais vues à Paris, auxquelles s’ajoutent les prêts exceptionnels provenant des collections du musée des Arts décoratifs et de l’Union française des Arts du costume, du Palais Galliera, du Costume Institute au Metropolitan Museum of Art de New York, du Victoria and Albert Museum de Londres, du De Young Museum de San Francisco, de la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, du Museum of London, du musée Christian Dior de Granville, ainsi que des œuvres d’art prestigieuses, de tout temps et de toute époque, provenant des collections du musée du Louvre, du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie, du Château de Versailles, du Centre Pompidou, du musée des Arts décoratifs et de nombreuses collections particulières.
Le livre
368 pages, 270 illustrations - 59 euros – Format : 27 x 35,5 cm
Relié pleine toile, image de couverture en lenticulaire – ISBN : 978-2-916914-70-1
Édition Les Arts Décoratifs – Diffusion L’EntreLivres – Distribution BLDD
L’année 2017 est celle du 70
e anniversaire de la création de la maison Dior. C’est en 1947 que Christian Dior présente son premier défilé, marquant la naissance d’une nouvelle silhouette féminine : après l’austérité des années de guerre, la taille cintrée, les jupes amples et les épaules douces dessinent des femmes-fleurs qui incarnent alors l’image même du luxe parisien. Le « New Look » replace Paris comme la capitale de la mode et établit le nom de Dior comme synonyme de haute couture.
Le musée des Arts décoratifs, qui possède un exemplaire du fameux tailleur
Bar de 1947 et avait déjà présenté, en 1987, une exposition « Hommage à Christian Dior », célèbre cet anniversaire en organisant une exposition phare dont ce livre est le catalogue. Il montre en détails une sélection de 70 silhouettes créées par Christian Dior et ses successeurs ‒ Yves Saint Laurent, Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano, Raf Simons et, tout récemment, Maria Grazia Chiuri. Spécialement photographiés pour cet ouvrage, ces vêtements sont accompagnés de textes les situant dans leur contexte, de croquis, de photographies de défilés et de réalisations des plus grands photographes de mode, Irving Penn, Richard Avedon, Cecil beaton, William Klein, Helmut Newton, Patrick Demarchelier, Paolo Roversi, Peter Lindbergh, Nick Knight...
Les textes abordent les thèmes qui ont marqué l’histoire de la Maison : la notion de ligne et d’architecture du vêtement, le rapport à l’histoire et à l’art (Versailles et le Petit Trianon, le Second Empire, l’impressionnisme, la Belle Époque, les Ballets russes, Picasso, Dalí, Pollock...), le déploiement des couleurs, les jardins et l’ailleurs comme sources d’inspiration, et bien sûr les égéries et clientes célèbres de la marque (la duchesse de Windsor, Marlene Dietrich, Grace de Monaco, Marilyn Monroe, Elizabeth Taylor, Isabelle Adjani, Lady Diana, Marion Cotillard, Charlize Theron, Natalie Portman, Jennifer Lawrence...).
Un livre qui offre une magnifique synthèse de la plus emblématique des maisons de couture françaises et dont la richesse iconographique satisfera les lecteurs les plus avertis.
Les auteursSous la direction scientifique de
Florence MüllerTextes de
Beatrice Behlen, Laurence Benaïm, Frédéric Bourdelier, Denis Bruna, Marie-sophie Carron de la Carrière, Natasha Fraser-Cavassoni, Maria Luisa Frisa, Alexander Fury, Olivier Gabet, Jérôme Gautier, Jérôme Hanover, Alix d’Hautefeuille, Vincent Leret, Patrick Mauriès, Florence Müller, Morgane Paulissen, Éric Pujalet-Plaà, Olivier Saillard, Philippe Thiébaut.Direction artistique :
Fabien Baron Photographies :
Nicholas Alan Cope
Extraits du livre
William Klein, Dorothy + Little Bara with a cello, Paris 1960, robe Moderato Cantabile, collection haute couture automne-hiver 1960, ligne Souplesse, légèreté, vie, Vogue US, 15 septembre 1960, modèles Dorothy McGowan et Little Bara.
© William Klein.
Melvin Sokolsky, Fly Dior, Dorothy McGowan en robe de la collection haute couture printemps-été 1965, Harper’s Bazaar, mars 1965.
© Melvin Sokolsky.
Arik Nepo, modèle de la collection haute couture automne-hiver 1948, ligne Ailée, Vogue Paris, octobre 1948.
© Arik Nepo / Vogue Paris.
L’essence de La Couture
Florence Müller
Christian Dior, en offrant à la mode un futur optimiste, se révèle aux yeux du monde le nouveau héros de l’après-guerre, le français dont la gloire surpasse même le prestige du général de Gaulle. Les Américains, qui dès 1947 le découvrent dans une tournée triomphale à travers les états-unis, l’ovationnent, reconnaissant en lui le « produit de trois siècles d’élégance qui remonte au règne de Louis XVI ». La mode, souffrant d’une stagnation en cette époque soumise encore aux tickets de rationnement, ne suscite plus de désir et de renouveau. Christian Dior va lui donner le souffle de l’espoir d’un monde meilleur où les femmes pourront en toute insouciance se faire belles et désirables. [...]
En 1947, Christian Dior accomplit une relance de la prospérité de la haute couture française. Sa vision de l’élégance se manifeste dans une générosité de matières, d’ornements et de formes inédites. Un modèle réussi est qualifié de véritable peinture ! Neiman Marcus, en lui remettant l’Oscar de la mode, a bien compris que les jupes longues du New Look – qui comptent entre 9 mètres de tissu pour un modèle sport et 40 mètres pour une robe de jour – vont faire bénéficier de leurs largesses l’ensemble des métiers de la mode. La maison Dior représente bientôt à elle seule plus de la moitié des exportations de la haute couture. À l’étranger, elle incarne la quintessence du goût et de l’art de vivre à la française. [...]
Michal Pudelka, robe Baiser rouge, collection haute couture printemps-été 2017, modèle Ruth Bell.
© Michal Pudelka.
Henri Cartier-Bresson, le mannequin Alla revêt la robe May dans la cabine lors de la Première, 1953.
©Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos.
La couture selon Dior sera « cultivée », « artistique », mesurée, typique de l’esprit classique, mais relevée d’audaces caractéristiques du baroque français. [...] Dans une joute permanente, nature et artifice se renforcent mutuellement.
« Le corps de la femme étant sa base, l’art du couturier est d’établir et de proportionner sur celui-ci un ensemble de volumes qui en exalteront les formes. » De cet exercice structurel naît la notion de ligne. En communiquant sur ces lignes qui incarnent la nouveauté de chaque saison, Dior invente un nouveau dialogue avec la presse. [...] Dior sait aussi tempérer ce goût du sensationnel par l’expression de la douceur et de la simplicité.
Le
New Look est la silhouette d’une femme-fleur dont la démarche, avec le balancement de la jupe en corolle, possède le charme d’une ballerine.
« Après la femme, les fleurs sont les créations les plus divines », dit le couturier, dont la vision de la féminité est inspirée de son amour immodéré des jardins et des parterres de roses. [...] Sa vision tout à la fois spectaculaire et mesurée assure à la maison un succès immédiat, rare dans l’histoire de la mode. [...]
Les héritiers vont reprendre à leur compte le désir de Dior de
« rendre les femmes belles pour les rendre heureuses ».La permanence de l’esprit Dior, équilibre d’élégance, de faste et de simplicité, est interprétée dans l’impermanence des créations des directeurs artistiques successifs. Toutes les nominations se font par rupture radicale, mais toujours dans le respect du geste fondateur.
Au choix risqué du tout jeune Saint Laurent succède la réaction rationnelle, avec la nomination de Marc Bohan. Puis c’est l’arrivée flamboyante de Gianfranco Ferré, l’entrée à grand fracas du punk de la mode John Galliano, la réaction « minimaliste » de Raf Simons, et enfin le choix inattendu d’une femme engagée dans le « Girl Power », Maria Grazia Chiuri.
Brassaï, Christian Dior dans son appartement du 10, rue Royale à Paris, fin 1946-début 1947, Granville, musée Dior, fonds Catherine Dior
© Estate Brassaï - RMN-Grand Palais
Salle de l’exposition « Décor de la vie en 1900-1925 » au musée des Arts décoratifs, 1937
© Les Arts Décoratifs, Paris
Christian Dior,
visite imaginaire au musée
Olivier Gabet
Concevoir l’œuvre de Christian Dior au sein du musée, comme dans l’histoire de l’art, rien ne semble aujourd’hui plus légitime. qu’il ait écrit sur lui-même – et dans ce registre, son livre Christian Dior et moi reste un exercice de style d’une rare sincérité – ou que biographes et auteurs aient exploré les archives le concernant, se précisent distinctement certains aspects d’un possible portrait, Christian Dior le couturier, le galeriste à l’intuition géniale, l’écrivain et conférencier brillant capable de captiver la Sorbonne, Christian Dior le visionnaire de la mode de l’après-guerre, le passionné de décoration, l’acteur discret d’une vie mondaine brillante, celle d’une Café Society en pleine ébullition.
Christian Dior et moi apparaît comme le miroir assez exact à la surface duquel affleurent les reflets d’une culture personnelle solide, mêlant les sentiments et le goût d’une époque et d’un milieu aux citations évocatrices, ici d’un peintre, là d’un architecte. [...]
Roger Viollet, robe Soirée brillante, collection haute couture automne-hiver 1955 (ligne Y), présentée lors de l’inauguration de l’exposition « Grands ébénistes et menuisiers parisiens du XVIIIe siècle », Pavillon de Marsan, Paris, 30 novembre 1955
© Roger-Viollet
Le musée des Arts décoratifs dans les années 1930.
© Les Arts Décoratifs, Paris
Sans nul doute, le musée des Arts décoratifs est pour Christian Dior le musée selon son cœur, tant sont nombreuses les notations décoratives pleines d’acuité dans sa description de la maison de son enfance granvillaise, le japonisme ambiant, comme dans celles subséquentes de ses différentes adresses parisiennes, jusqu’au programme architectural du 30, avenue Montaigne. Le statut associatif du musée l’apparente plus aux délices de la vie mondaine parisienne que la plupart des musées nationaux : dans son conseil d’administration se côtoient autant de hauts fonctionnaires que de représentants remarquables de l’élite sociale, dans laquelle le Dior galeriste recrute ses clients et le Dior couturier ses admiratrices. [...]
D’autres de ses relations s’y rattachent encore au fil des années, comme son ami Emilio Terry, architecte et tenant de ce style Louis XVI, néoclassicisme teinté de fantaisies surréalistes. Christian Dior l’expose à la galerie Bonjean en 1933, à travers tout un ensemble de dessins et de maquettes, dont la maison-colimaçon que Salvador Dalí fait figurer l’année suivante dans son portrait de Terry. Cette maquette devenue fameuse est présentée en 1936 au MoMA à New York dans l’exposition
« Fantastic Art, Dada and Surrealism », et donnée en 1965 par Terry au musée des Arts décoratifs...
Étonnant est le faisceau de rapprochements entre les œuvres des collections du musée des Arts décoratifs et leur citation ou leur présence directe dans l’univers créatif ou familier du couturier.
Eugene Kammerman, le mannequin Renée Breton défilant dans le grand salon du 30, avenue Montaigne, 1953.
© Eugène Kammerman / Gamma-Rapho.
Christian Dior dans son appartement du 7, boulevard Jules-Sandeau à Paris, vers 1950.
© Christian Dior.
L’appartement de Christian Dior
Patrick Mauriès
La mémoire de Dior est essentiellement une mémoire de formes, de couleurs, de textures, d’espaces, de mobilier et d’objets ; l’évocation de son propre parcours passe d’abord par celle des pièces qu’il a traversées – et qui fondent en retour son approche du style. [...]
Car si Dior eut le goût de l’architecture et des maisons avant d’avoir celui de la couture, il eut aussi, au point de s’y risquer, celui de la peinture.
On oublie souvent qu’une fois acquittées ses obligations militaires il s’associa, sollicitant le support contrarié de ses parents, avec un autre de ses amis, Jacques Bonjean, « pour ouvrir une petite galerie au fond d’une impasse assez sordide de la rue La Boétie ». Sobre et relativement éphémère, cette galerie a son importance dans l’histoire de l’art moderne et il reste à écrire l’histoire du rôle discret, mais non négligeable, que Dior et Bonjean jouèrent, avec Pierre Colle, ancien disciple de Max Jacob devenu galeriste d’exception, dans l’économie artistique de la période. [...]
L’appartement du boulevard Jules-Sandeau prend place, dans la biographie de Dior, entre deux intérieurs répondant à des moments, des besoins et des usages différents, qui s’éclairent réciproquement.
Frank Scherschel, Christian Dior dans son appartement du 10, rue Royale à Paris, 1947.
© Gettyimages / Frank Scherschel.
Vue aérienne de La Colle Noire, maison de Christian Dior à Montauroux (Var).
© Christian Dior.
Le moulin du Coudret, à Milly-la-Forêt, établit un lien naturel avec l’enfance provinciale et le souvenir de séjours à la campagne : regroupement de communs, de granges et d’écuries autour d’une cour en forme de fer à cheval, le domaine exauçait le rêve
« d’une habitation semblable à ces maisons de province, à ces couvents blanchis à la chaux, à ces parloirs bien astiqués où l’on m’amenait enfant visiter de vieilles parentes, et dont je gardais un souvenir attendri ». Le charme du moulin tenait aussi à son jardin
(« que je voulais aussi simple, aussi modeste que les jardinets qui, dans ma chère Normandie, bordent au long des routes les maisons des paysans ») dont il avait fallu gagner la surface à grand-peine sur les marécages et la forêt.
À cet enclos de fleurs répond, dans le temps, et l’espace, le miroir d’eau de 48 mètres carrés et le champ de 50 hectares du château de La Colle Noire que Dior acheta en 1950, près du village de Callian dans le Var, non loin d’un endroit où son père avait vécu.
Une fois encore, il était essentiel de retrouver l’impression de vécu, de transformations advenues au fil du temps, de mobilier et d’objets déposés là par des générations successives que cherchait partout le maître des lieux.
Thématiques
Christian Dior, robe Miss Dior, collection haute couture printemps-été 1949, ligne Trompe-l’œil, robe du soir courte brodée de fleurs par Barbier, Paris, Dior Héritage.
© Photo Les Arts Décoratifs, Paris / Nicholas Alan Cope.
Claude Monet, Le Jardin de l’artiste à Giverny, 1900, huile sur toile, Paris, Musée d’Orsay.
© RMN-Grand Palais / musée d’Orsay / Hervé Lewandowski.
Parfum Miss Dior, 1947.
© Philippe Schlienger.
Les Jardins Dior« Après la femme, les fleurs sont les créations les plus divines. »
Christian DiorLe parfum de l’enfance est le plus délicat de tous. Pour Christian Dior, il prend racine dans le jardin familial de Granville, au sommet des falaises de la côte normande, bordé par la Manche et balayé par les vents. C’est dans cette oasis bucolique créée par sa mère Madeleine que Christian Dior goûte à un bout de paradis et offre aux fleurs une place particulière : elles le suivront toute sa vie. Le jeune garçon se plonge dans les catalogues Vilmorin-Andrieux qui lui apprennent tout de celles qu’il souhaite apprivoiser. Lorsque le destin l’appelle dans le monde de la couture, il se souvient du parfum des fleurs de son enfance et les invite à rejoindre ses collections : elles lui apporteront le succès avec le
New Look et cette silhouette de femme-fleur à la jupe ample en corolle et au buste étroit en calice. Des fleurs qui définissent le style Dior avec justesse et évidence, par des robes à semis ou bouquets, des broderies de fleurs des champs ou encore des drapés en forme de rose, comme dans le modèle
Opéra Bouffe. À la façon des peintres impressionnistes, Christian Dior dessine ses nouveaux modèles dans son jardin de Milly-la-Forêt ou celui de son château de La Colle Noire, entouré de ses muses silencieuses.
Jardiniers dans l’âme, Marc Bohan, Gianfranco Ferré et John Galliano fleuriront à leur tour les collections de la maison Dior, révélant des jeunes pousses avec audace, éclat et savoir-faire. Une virtuosité dont fait preuve également Raf Simons dès son premier défilé haute couture, en disposant sur des robes double face, d’un côté des semis de fleurs en broderies traditionnelles et de l’autre des ornements floraux contemporains. Maria Grazia Chiuri fait quant à elle défiler ses robes de jeunes filles en fleurs dans des jardins enchantés. Sur des robes de bal aériennes, elle dépose de subtils bouquets composés de pétales de soie teints à la main et semblant surgir d’un herbier. Chez Dior, la subtilité des savoir-faire permet de traduire en haute couture la délicatesse des fleurs.
Man Ray, vue de l’exposition « Exposition surréaliste : sculptures, objets, peintures, dessins » à la Galerie Pierre Colle, juin 1933.
© Man Ray Trust / Adagp, Paris, 2017.
Salvador Dalí, Buste de femme rétrospectif et La Chaise atmosphérique, 1933.
© Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí / Adagp, Paris, 2017.
Christian Dior, Gala et Salvador Dalí, Tony Sandro (ou Jacques Benita) et Victor Grandpierre DR.
Les affinités artistiquesLors de l’inauguration de sa maison de couture en 1947, de nombreux artistes et collectionneurs sont venus admirer les créations de celui qu’ils avaient connu galeriste quelques années auparavant. Christian Dior se souvient des artistes et des jeunes talents qu’il exposait dans ses galeries en dessinant ses premières robes haute couture, inspirées par les œuvres de Picasso, Braque ou encore Bérard. Un lien qui se poursuit tout au long de l’histoire de la Maison et que Monsieur Dior lègue à ses successeurs.
John Galliano pour Christian Dior, collection haute couture printemps-été 1999, robe longue sirène en crêpe, bretelles drapées, motifs de gants en crêpe, Paris, Dior Héritage.
© Photo Les Arts Décoratifs, Paris / Nicholas Alan Cope.
Ainsi, pour sa collection de 1984, Marc Bohan réinterprète le
drip painting de Jackson Pollock et, en 1995, Gianfranco Ferré traduit en couture la figure de l’Arlequin de Cézanne. Sous l’ère John Galliano, les allusions artistiques se font également nombreuses, notamment avec l’ensemble
Shéhérazade de 1998 qui fait écho à l’orientalisme de Léon Bakst et des Ballets russes. Le créateur britannique évoque le surréalisme et se penche sur l’amitié de Christian Dior avec Dalí et Jean Cocteau. À travers ses collections, il célèbre Picasso avec un costume d’Arlequin qui évoque les périodes bleue et rose de l’artiste espagnol, et rend hommage à Christian Bérard et à ses traits vifs rehaussés de noir. Raf Simons se rapproche à son tour de l’art contemporain par une collaboration avec l’artiste californien Sterling Ruby. Ensemble, ils revisitent la série des Spray Paintings en une collection de robes où la couche picturale est transposée en satin imprimé sur chaîne. Le créateur belge poursuit son exploration de l’art avec deux robes aux couleurs pastel, inspirées de l’œuvre de l’artiste américaine Agnes Martin.
Élisabeth Louise Vigée Le Brun, Gabrielle Yolande Claude Martine de Polastron, duchesse de Polignac, 1782, huile sur toile, Versailles, Musée National des Châteaux de Versailles et de Trianon.
© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot.
Christian Dior, robe Trianon, collection haute couture printemps-été 1952, ligne Sinueuse, robe du soir en organdi de Jean Page, broderie de lamé, paillettes métalliques et perles argent. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris, don Francine Halphen-Clore, 1984.
© Photo Les Arts Décoratifs, Paris / Nicholas Alan Cope.
Présentoir Miss Dior, inspiré du Temple de l’amour au Petit Trianon de Versailles, 1950.
© Philippe Schlienger.
TrianonAdmiratif du XVIII
e siècle, Christian Dior est souvent revenu sur cette époque qui lui rappelait son enfance. Les salons de la maison familiale de Granville et de l’appartement parisien occupé par les Dior étaient tous deux décorés dans un style néo-XVIII
e siècle. Lorsqu’il prend possession de l’hôtel particulier du 30, avenue Montaigne, Christian Dior fait appel à son ami architecte et décorateur Victor Grandpierre. Ensemble, ils conçoivent l’intérieur de style néo-classique que le couturier estime être l’écrin parfait pour ses collections, la toile de fond idéale pour ses robes. Passée la façade néo-classique, les clientes sont plongées dans un univers d’élégante sobriété, composé de moulures blanches et de boiseries gris Trianon, de fauteuils à médaillon néo-Louis XVI et de cadres ornés de nœuds à la Fontanges : tout n’y est qu’harmonie et subtilité. Pour la boutique Colifichets du rez-de-chaussée, l’artiste Christian Bérard, ami et alter ego artistique de Dior, apporte son sens de la mise en scène précieuse mais sans prétention. La boutique est tapissée de toile de Jouy et aménagée à la manière des magasins de frivolités, avec des comptoirs, des fauteuils de style Louis XVI et un amas artistement disposé de cartons à chapeaux Dior. Cette atmosphère lumineuse et fraîche, hommage au siècle des Lumières, règne partout : dans les salons, dans les couloirs ou encore dans les salons d’essayage.
Christian Dior et ses successeurs citeront souvent dans des relectures contemporaines le style des tenues arborées par Marie-Antoinette au Petit Trianon. Pour mettre en scène les parfums Dior, Victor Grandpierre a recours à des citations similaires, notamment avec un présentoir inspiré du temple de l’Amour érigé au milieu du jardin anglais de la reine à Trianon. Christian Dior porte un regard tendre sur ces femmes d’avant la Révolution française, que l’on peut encore admirer dans les tableaux de Mme Vigée Le Brun, la portraitiste favorite de la souveraine.
Maria Grazia Chiuri pour Christian Dior, robe New Junon, collection haute couture printemps-été 2017.
© Photo Les Arts Décoratifs, Paris / Nicholas Alan Cope.
Cecil Beaton, Daisy Fellowes dans une création spéciale Dior lors du bal donné par Charles de Beistegui au Palais Labia à Venise, le 3 septembre 1951, Vogue Paris, septembre 1951.
© Cecil Beaton / Vogue Paris.
Franz Xaver Winterhalter, Madame Rimsky Korsakov, huile sur toile, 1864, Paris, Musée d’Orsay.
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt.
Le bal DiorVénus, Junon, Coup de théâtre, Soirée brillante... Leurs noms sonnent comme des éclats et leurs styles flamboyants assurent aux femmes des entrées de bal spectaculaires. Pleines de grâce, d’audace et d’élégance, ces robes de bal participent à la renaissance de la vie mondaine de l’après-guerre et révèlent toute la créativité de Christian Dior. Hors des frontières de la haute couture, le couturier aime aussi dessiner des costumes de bal à thème, à l’instar des costumes de l’Entrée des Géants, imaginés avec son ami Salvador Dalí à l’occasion du bal du Siècle organisé par Charles de Beistegui au palais Labia en 1951.
Grand amateur de ces soirées fastueuses, Dior se distingue en incarnant des personnages à la hauteur de sa fantaisie : il se fait roi de la jungle au bal des Rois et des Reines d’Étienne de Beaumont en 1949 ou se transforme en Barbey d’Aurevilly pour le bal des Artistes chez les Noailles en 1956.
John Galliano le rejoindra dans cette passion pour le costume et la transformation de son propre personnage : en juillet 2007, il fait de l’Orangerie de Versailles le théâtre d’un défilé sur le thème du bal des Artistes et célèbre ainsi les 60 ans de la Maison. Tous les top models, de Naomi Campbell et Helena Christensen à Linda Evangelista, y défilent dans des robes inspirées des tableaux de Renoir, du Greco ou encore de Michel-Ange. À son arrivée à la tête de la direction artistique de la Maison, Maria Grazia Chiuri saisit l’importance des bals non seulement pour l’histoire de Dior mais aussi pour son fondateur. Lors de son premier défilé, les jardins du musée Rodin se transforment en un labyrinthe, le temps d’une soirée où les robes vaporeuses virevoltent et font tourner les têtes. L’une d’elles, baptisée
New Junon et parsemée de délicats pétales plissés aux tons pastel, rappelle l’un des modèles mythiques de la collection dite
Milieu de siècle de l’hiver 1949, dédié à la déesse de l’Antiquité, reine des dieux.
Christian Dior, robe Palmyre, collection haute couture automne-hiver 1952, ligne Profilée, robe du soir en satin de Robert Perrier brodée de cristaux Swarovski, de fils métalliques, de pierreries, de perles et de paillettes par Ginesty, Paris, Dior Héritage.
© Photo Les Arts Décoratifs, Paris / Nicholas Alan Cope.
Peter Lindbergh, robes Kusudi et Kitu, collection haute couture printemps-été 1997, modèles Kiara Kabukuru et Debra Shaw.
© Peter Lindbergh.
John Galliano pour Christian Dior, collection haute couture printemps-été 2004, veste et jupe brodées, Paris, Dior Héritage.
© Photo Les Arts Décoratifs, Paris / Nicholas Alan Cope.
Le tour du monde en DiorDe la fenêtre de sa chambre d’enfant, Christian Dior contemple le grand large et rêve peut-être à des voyages lointains. L’Angleterre est le premier pays qui l’attire dès sa jeunesse.
Après une première exploration de la Russie en 1931, Christian Dior étend sa découverte du monde aux États- Unis en 1948. Cette année-là, l’Oscar de la Mode lui est remis par Neiman Marcus à Dallas, et de là, le couturier mène une tournée triomphale à travers le continent américain, évoquant le succès retentissant du
New Look outre-Atlantique.
L’art et la culture des cinq continents apportent à Christian Dior et à ses successeurs de nombreuses sources d’inspiration. John Galliano et Raf Simons s’intéressent à l’art ornemental africain et aux parures traditionnelles Masai.
Marc Bohan et John Galliano réinterprètent l’Antiquité égyptienne. Christian Dior rend hommage à la calligraphie et au costume chinois. John Galliano dédie toute sa collection de l’été 2003 aux rencontres entre Extrême- Orient et Occident. Le shibori, les fukusa, le kimono, le nœud d’obi, la peinture d’Hokusai ou les cerisiers en fleurs sont autant de thèmes emblématiques du Japon que revisitent Christian Dior, John Galliano, Raf Simons et Maria Grazia Chiuri. Des Amériques, Christian Dior et John Galliano évoquent le Mexique ou le Pérou, dans les tonalités vives de l’art inca ou sombres des conquistadors. Parmi les abondantes évocations de l’art européen, Christian Dior et Yves Saint Laurent reviennent souvent sur les sujets de la peinture espagnole, de Goya à Zurbaràn.
Christopher Polk, Jennifer Lawrence recevant l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans le film Happiness Therapy, 2013
© Gettyimages / Christopher Polk.
Elliott Erwitt, Grace Kelly en robe Dior de satin blanc lors du bal célébrant ses fiançailles avec le prince Rainier de Monaco à l’hôtel Waldorf Astoria à New York, 6 janvier 1956.
© Elliott Erwitt / Magnum Photos.
Stars en Dior
« Mes robes font de chaque femme une princesse »
Christian Dior
Élue par les actrices de cinéma depuis son ouverture, la maison Dior les séduit par des créations à la grâce audacieuse, qui les aident à tenir leur rang de stars. Rita Hayworth, Marlene Dietrich et Olivia de Havilland font très tôt de Christian Dior le couturier du rêve hollywoodien. Les créations Dior composent les différentes facettes de cette femme singulière, incarnée sur les tapis rouges du monde entier par Ava Gardner, Marilyn Monroe, Elizabeth Taylor, Lauren Bacall, Ingrid Bergman, Brigitte Bardot, Sophia Loren, Isabelle Adjani, Monica Bellucci ou encore Sharon Stone.
Mark Shaw, Elizabeth Taylor en robe Soirée à Rio, collection haute couture printemps-été 1961, Slim Look
© Mark Shaw / mptvimages.com
Résolument actuelle, la maison Dior habille également des actrices de la jeune génération, devenues pour l’occasion ses nouvelles ambassadrices : Charlize Theron, Natalie Portman, Nicole Kidman, Drew Barrymore, Sarah Jessica Parker, Marion Cotillard, Emma Stone, Jennifer Lawrence, Emma Watson, Rihanna ou Felicity Jones. Ce lien avec le cinéma se poursuit à travers une filmographie riche d’une centaine de films, réalisés par de grands noms du cinéma tels que Luis Buñuel, Stanley Donen, Terence Young, Jean-Luc Godard, Charlie Chaplin, François Truffaut, Costa-Gavras, Claude Lelouch, Pedro Almodovar ou encore Woody Allen.
Depuis soixante-dix ans, les tenues portées par les reines, princesses ou premières dames, font naître des images légendaires. La duchesse de Windsor, la princesse Margaret, Jackie Kennedy, Farah Diba, Grace de Monaco ou Carla Bruni-Sarkozy ont toutes contribué à faire rayonner l’élégance française selon Dior dans le monde entier. Parmi elles, Lady Diana restera éternellement liée à la maison Dior. En décembre 1996, la princesse de Galles ose une robe en négligé lors de la soirée du Metropolitan Museum of Art à New York. à son bras, le Lady Dior. Renommé en son honneur, ce sac fera d’elle une icône de mode incontestable.
Maria Grazia Chiuri pour Christian Dior, tailleur Rêve infini, collection haute couture printemps-été 2017, veste Bar à double basque plissée, pantalon plissé soleil, Paris, Dior héritage
© Photo Les Arts Décoratifs, Paris / Nicholas Alan Cope
Le New LookEn 1947, pour sa première collection haute couture, Christian Dior dévoile une vision révolutionnaire qui va radicalement redéfinir l’allure trop masculine des femmes de l’après-guerre. À l’issue du défilé,
Carmel Snow, rédactrice en chef de
Harper’s Bazaar, s’exclame :
« Dear Christian, your dresses have such a New Look ! » L’expression
New Look reste dès lors attachée à cette collection qui se distingue par deux silhouettes dominantes, Corolle et En 8. La première se compose de jupes amples comme une corolle, l’autre, de jupes étroites comme la tige d’une fleur.
Toutes deux ont des bustes épanouis, des tailles fines comme des lianes, des épaules douces et les hanches sculptées. Modèle phare du
New Look, le tailleur
Bar s’impose comme le manifeste de cette mode nouvelle célébrant la femme-fleur tout en courbes. Le nom de cet ensemble fait référence au bar du Plaza Athénée, palace voisin de la maison Dior et passage obligé des élégantes. La générosité des proportions, l’architecture affirmée et l’allure dansante du
New Look expriment l’esprit d’une époque de renouveau et de reconstruction.
Le tailleur
Bar est un véritable monument qui s’impose au monde de la mode en 1947 et traverse le temps, restant aujourd’hui encore une icône de l’histoire de la couture.
Des créations de contemporains de Christian Dior, ainsi que de designers actuels témoignent ici de l’influence du
New Look en Europe ou aux États-Unis. Au fil des décennies, la veste
Bar sera réinterprétée par les directeurs artistiques de la maison Dior en hommage au fondateur.
Partenaire de l’exposition
Pierre Aurore Boréale.
© Swarovski.
Collier Christian Dior, cristaux Swarovski AB, 1956.
© Swarovski Corporate Archive.
Lanel pour Christian Dior, 1964.
© Swarovski Corporate Archive.
SwarovskiAurore Boréale : une pierre iconique pour un couturier de rêve« On ne peut pas se tromper en s’inspirant de la nature »
Christian DiorSwarovski est honoré de s’associer au musée des Arts décoratifs à l’occasion de l’exposition « Christian Dior, couturier du rêve » qui rend hommage à l’immense talent de Monsieur Dior, au rôle majeur qu’il a joué dans l’histoire de la mode, ainsi qu’à son héritage esthétique et culturel depuis sa disparition.
La maison familiale, créée en 1895 par Daniel Swarovski, entrepreneur visionnaire, au moment même où naissait la Haute Couture à Paris, s’est engagée depuis plus de 120 ans aux côtés des grands noms de la couture au service de la créativité et des métiers d’art. Dans ses ateliers en Bohème puis dans les Alpes autrichiennes, elle a imaginé une machine capable de tailler le cristal comme une pierre dont chaque facette se caractérise par des arêtes nettes et taillées au micron près. Le degré de perfection atteint est tel que le cristal scintille de mille feux et pourrait presque passer pour un diamant.
Dès lors, Daniel Swarovski lie son destin à celui de la mode en apportant ce nouveau composant créatif et glamour aux collections des grands noms de la Haute Couture parisienne, tel Monsieur Dior et son
New Look révolutionnaire. En 1947, Christian Dior imagine en effet un look visionnaire et féminin, une nouvelle vision du luxe qui donne ses lettres de noblesse aux accessoires. Convaincu que la beauté et le style du bijou comptent plus que sa valeur, il ouvre la voie à une nouvelle tendance : une bijouterie à la fois très raffinée et accessible. Ce rapprochement entre le bijou et la mode n’est rendu possible que grâce à l’abondance des cristaux Swarovski : gouttes translucides, pierres colorées serties, luxuriantes cascades de perles...
En 1956, Manfred Swarovski, petit-fils du fondateur, collabore avec Christian Dior à la création d’une pierre personnalisée à la couleur unique, symbole de la vision du célèbre couturier. Leur rencontre les conduit à la création d’un cristal aux reflets chatoyants et à une couleur très particulière évoquant les nuances du pôle Nord. une micro couche de métal bleu, vaporisée sur les facettes inférieures de la pierre, produit une irisation flamboyante et des reflets arc-en-ciel. Cette pierre, presque mythique, est baptisée
Aurore Boréale, en référence aux lumières nordiques.
Le succès est tel que ce cristal devient un véritable phénomène de mode. Les bijoux Dior se parent dès lors de cristal, les broderies s’anoblissent, les galons, les manches et les traînes de ses robes du soir se cristallisent. Le scintillement du cristal sublime le mouvement, créant une allure élégante et glamour. Son éclat sobre et délicat pare les femmes d’une touche de féminité supplémentaire. L’histoire d’amour entre le monde de la mode et
Aurore Boréale atteint son apogée à la fin des années 50 et se poursuit pendant les années 60.
Depuis 70 ans, Swarovski fournit des millions de cristaux à la maison Christian Dior, et a collaboré avec les sept directeurs, chacun adaptant son style et sa vision, repoussant toujours les limites de l’artisanat et de la créativité. Swarovski est fier que certaines de ses pièces soient exposées à l’occasion de cette exposition rendant hommage à l’histoire commune de ces deux maisons innovantes et avant-gardistes : Swarovski et Christian Dior.
Scénographie et graphisme
L’enchaînement du parcours au sein d’espaces aux architectures très différentes a été déterminant dans la conception de la scénographie. Dès l’entrée de l’exposition, le hall Marsan fait écho au 30, avenue Montaigne. Les architectures se répondent et s’entrecroisent, Christian Dior est chez lui aux Arts Décoratifs : la visite peut alors commencer.
Le découpage des galeries de la mode invite le visiteur à une multitude de découvertes. Ainsi, chaque salle possède une identité spécifique. Dès l’entrée, un mur riche en documents intimes et patrimoniaux s’anime et s’enrichit d’éléments interactifs, mêlant tradition et modernité et plongeant le visiteur au cœur de l’histoire et des origines de la maison Dior.
La galerie de la rue Cambacérès se devine au travers d’une paroi en verre sérigraphié. Les modèles réduits de robes, les accessoires et les dessins se déclinent dans un dégradé de couleurs. Les jardins, tant aimés de Christian Dior, invitent le visiteur sous une cascade de fleurs revisitées pour l’occasion.
Les six salles en enfilade bordant la rue de Rivoli accueillent, comme par magie, les six designers ayant succédé à Christian Dior. Un filet de lumière ininterrompu relie ces différentes alcôves et renforce l’idée de la transmission d’un designer à l’autre ainsi que la continuité de la maison Dior.
L’espace des ateliers joue de la hauteur du lieu, répondant au dispositif de présentation, sur plusieurs niveaux, du
New Look. La thématique de la ligne profite de la longue galerie pour se déployer de façon rigoureuse avant la plongée au cœur du bal dans un espace qui s’étend à l’infini. Profitant de l’architecture tout en symétrie, le dispositif scénographique, fait de miroirs judicieusement placés, décuple l’espace, créant ainsi pour les robes et les tableaux un écrin merveilleux. une projection sur l’architecture présente les sources d’inspiration ayant conduit à la réalisation de robes, menant ainsi du rêve à la réalité et vice versa.
La visite s’achève par un espace présentant toutes les publications consacrées à Christian Dior et à sa maison de couture. L’histoire n’a pas fini de s’écrire...
Agence NCL’Agence NC explore toutes les mises en scène d’expositions et de parcours muséographiques : qu’ils soient permanents, temporaires, patrimoniaux ou thématiques, modestes ou spectaculaires, la signature de l’agence s’applique à une grande diversité de projets.
C’est dans une ambiance créative et innovante, au sein de la cour du 11
e arrondissement qu’elle occupe, que naissent des mises en scène uniques. Portée par l’intuition et la curiosité, l’Agence NC apporte sa touche singulière à une discipline encore jeune qui conjugue l’art de l’éphémère, la connaissance, le patrimoine et le divertissement. Elle y inscrit sa propre quête, toujours à l’écoute du « grand public » : mettre l’enchantement au service de l’art de transmettre.
Nathalie CrinièreNathalie Crinière est diplômée de l’École Boulle en architecture intérieure, et de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris en design industriel. Après un passage aux USA puis à Barcelone, elle retourne à Paris, où elle exerce d’abord dans différentes agences avant de s’installer comme indépendante puis de fonder sa propre structure.