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Jade, des empereurs à l’Art déco

Jade, des empereurs à l’Art déco

La Collection Cartier au Musée national des arts asiatiques - Guimet

24 octobre 2016
Du 19 octobre 2016 au 16 janvier 2017, le Musée national des arts asiatiques – Guimet à Paris présente l’exposition Jade, des empereurs à l’Art déco. Une exposition d’envergure internationale, pour laquelle de prestigieuses institutions ont été sollicitées : le Musée national du Palais de Taipei, principal prêteur, le Musée du Château de Fontainebleau, le Musée du Louvre, le Musée des Arts décoratifs, la Bibliothèque nationale de France ou encore le Museum d’Histoire Naturelle. Cartier révèle une sélection de 26 créations en jade issues de la Collection Cartier, ainsi que 6 dessins d’archives. Tous ensemble, les pièces et objets précieux résonnent de multiples correspondances.

 - Le catalogue de l’exposition Jade - Des empereurs à l’Art déco, disponible en anglais et en français,  est édité par les éditions d’Art SOMOGY.

Aux XIXe et XXe siècles, et notamment durant la période Art déco, les objets exotiques en provenance de Chine ou du Japon, ornés de décors fantaisistes, façonnés dans divers matériaux et souvent en jade, provoquent un fort intérêt pour l’Asie et influencent les arts graphiques européens. Cartier n’échappe pas à cet engouement et l’on trouve trace de l’usage du jade dès la fin du XIXe siècle dans l’un des registres de stock conservé dans ses archives qui recense un « flacon jade, monture or, bouchon émail rose » daté de 1898.

Les apprêts


Matières, motifs, bestiaires et divinités hérités de Chine captivent Cartier qui les utilise moins pour reproduire à la française un art chinois en vogue que pour leur beauté intrinsèque. Le jade apparaît souvent sous forme d’apprêts, ces fragments de bijoux ou d’éléments antiques achetés auprès de marchands spécialisés dans les arts d’Orient et d’Extrême-Orient. Dans ces stocks on pouvait retrouver des plaques, des boucles de ceinture, des flacons, des épingles à cheveux ou des petites figurines animales. Ces objets de jade, gravés, sculptés, fragmentaires ou non, de plus ou moins grande taille, et caractéristiques de la culture chinoise, nourrissent l’inspiration des dessinateurs de la Maison qui imaginent autour d’eux de nouvelles créations.

Pendule mystérieuse Eléphant Cartier - Paris, 1928 - Platine, or, jade, onyx, diamants, perles, corail, nacre, cristal, émail. D’origine chinoise, l’éléphant en jade date du XVIIIe siècle. Provenance : maharajah de Nawanagar. Collection Cartier - Nick Welsh, Collection Cartier © Cartier
Pendule mystérieuse Eléphant Cartier - Paris, 1928 - Platine, or, jade, onyx, diamants, perles, corail, nacre, cristal, émail.
D’origine chinoise, l’éléphant en jade date du XVIIIe siècle. Provenance : maharajah de Nawanagar.
Collection Cartier - Nick Welsh, Collection Cartier © Cartier
 

Une symbolique réappropriée


Cartier intègre ce trésor asiatique à ses créations et pioche dans l’éventail de formes fabuleuses dont la Chine lui fournit le symbolisme. Choisi pour la beauté de sa matière, le jade porte avec lui la richesse de ses légendes et de ses mythes : flacons miniatures, parés de détails sophistiqués et précieux ou dragon bienveillant qui, pour le joaillier, prend la pose sur une broche dans un tendre face-à-face mère-enfant.

Vase en forme de citron digité dit « Main de Bouddha » - Chine, dynastie Qing, XVIIIe siècle - Jade - Legs Isaac de Camondo, 1912Musée national des arts asiatiques – Guimet, Paris © RMN-GP (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
Vase en forme de citron digité dit « Main de Bouddha » - Chine, dynastie Qing, XVIIIe siècle - Jade - Legs Isaac de Camondo, 1912
Musée national des arts asiatiques – Guimet, Paris © RMN-GP (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
 
Cartier utilise la gemme millénaire dans l’un de ses registres créatifs emblématiques : les pendules mystérieuses qui lui permettent d’associer ce champ d’expression horloger à l’univers fantasmagorique venu de Chine.

Apparues en 1912 rue de la Paix, ces prodiges horlogers n’échappent pas à ce qui fait l’air du temps.

Entre 1922 et 1931, le joaillier-horloger conçoit une série de quatorze pendules à animaux ou figurines dont quatre font partie aujourd’hui de la Collection Cartier. Trois d’entre elles sont aujourd’hui exposées : la pendule Carpes, la pendule Eléphant, et la pendule divinité.


Compositions chromatiques


Le jade devient pour Cartier prétexte à explorer d’éclatants jeux de couleurs vers lesquels la Maison s’aventure dès la première décennie du XXe siècle. La gemme figure en effet parmi les matériaux de prédilection que le joaillier marie notamment au corail, à la laque rouge ou encore au rubis. En 1934, Barbara Hutton confie à Cartier un collier de 27 boules de jadéite, toutes issues d’un même bloc, d’un vert intense et d’une qualité exceptionnelle, pour que soit réalisé un fermoir en rubis et diamants. L’association chromatique est puissante, d’une grande élégance et se retrouve tout autant sur une montre-broche cachet que sur une paire de pendants d’oreilles dont le motif central en laque rouge n’est autre que la version simplifiée du symbole shou, « longue vie ».

Paire d’écrans de table à décor d’éléphant et de prunier - Chine, dynastie Qing, période Qianlong (1736-1795) - Jade Musée national du Palais, Taipei © National Palace Museum, Taipei
Paire d’écrans de table à décor d’éléphant et de prunier - Chine, dynastie Qing, période Qianlong (1736-1795) - Jade
Musée national du Palais, Taipei © National Palace Museum, Taipei
 
D’une blancheur laiteuse parfois diaphane, le jade néphrite prête sa délicatesse à de délicats objets du quotidien : coupe-papier, cendrier à motif de fleur, ou, création plus étonnante, briquet « main de bouddha ». En plaque gravée de feuillage et d’animaux, il sert à la réalisation de nécessaires bordés de corail, d’émail noir et de diamants. Sa matière translucide se prête à merveille à la réalisation de pendules « Écran », sur lesquelles, selon les variations de la lumière, apparaissent et disparaissent des paysages à la limite de l’imaginaire.


Les créations de la Collection Cartier rendent compte de l’importance du travail de compréhension et d’interprétation qui a permis à cette gemme et à sa symbolique de trouver sa place au cœur du répertoire de Cartier. Le jade n’a pas révélé tous les secrets de son éternelle beauté et continue d’inspirer la Maison, dans un hommage continu qui prend aujourd’hui la forme d’une créativité éblouissante, toujours renouvelée.

Jade néphrite, jade jadéite ?
Le terme de jade désigne deux minéraux distincts : le jade jadéite et le jade néphrite. La gamme de couleurs de la jadéite, selon les éléments qui la composent, est extrêmement variée et nuancée : blanc, rose, brun, rouge, orange, noir, mauve, bleu, violet. La présence de chrome confère à la jadéite une couleur unique, un vert proche de l’émeraude : elle prend alors le nom de jade impérial. La néphrite, quant à elle, offre une grande richesse de tons, souvent veinés, allant du vert au brun rouge en passant par le blanc, le jaune, le gris ou le bleu. La couleur blanche est l’une des plus recherchées.


La Collection Cartier


Créée en 1983, la Collection Cartier regroupe près de 1600 œuvres dont la diversité et la qualité illustrent non seulement l’histoire de la Maison Cartier, mais également celle des arts décoratifs de la deuxième moitié du XIXe siècle à la fin du XXe siècle. Depuis 1989, elle a été invitée par de célèbres institutions muséales pour des expositions monographiques. Elle est aussi régulièrement sollicitée par les commissaires d’exposition, comme aujourd’hui au Musée national des arts asiatiques – Guimet pour l’exposition Jade, des empereurs à l’Art déco.

Pendentif en forme de dragon - Chine, Zhou de l’Est, période des Royaumes combattants, 4e siècle av. J.-C. - Jade - Don G. Gieseler, 1932Musée national des arts asiatiques – Guimet, Paris © RMN-GP (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
Pendentif en forme de dragon - Chine, Zhou de l’Est, période des Royaumes combattants, 4e siècle av. J.-C. - Jade - Don G. Gieseler, 1932
Musée national des arts asiatiques – Guimet, Paris © RMN-GP (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
 
 
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